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Évacuation du bâtiment des Jeunes Pousses à Briançon

Voici le communiqué transmis par
l’association briançonnaise Tous Migrants

« Les conditions d’habitation de ce bâtiment étaient certes très précaires, sans eau ni électricité dont la coupure en alimentation n’avait en réalité pour seul but que de rendre le lieu invivable pour ses habitants.

Mais depuis quatre mois, l’occupation du bâtiment des Jeunes Pousses a permis d’accueillir les personnes exilées, en particulier après la fermeture temporaire du bâtiment accueillant le refuge solidaire pour cause de sur-occupation. Jusqu’à plus de 300 personnes ont pu y être hébergées alors que les autorités restaient sourdes à toute demande d’aide pour l’hébergement d’urgence de la part des associations gérant et soutenant le refuge solidaire.

Il y a urgence à remettre la responsabilité de la situation sur les pouvoirs publics et à cesser de criminaliser la solidarité. Si le gouvernement et les pouvoirs publics locaux respectaient la dignité et les droits des personnes, ce squat n’aurait jamais existé, ni le refuge solidaire, ni les maraudes que nous menons avec Médecins du Monde et bien d’autres personnes dans nos montagnes, pour mettre d’autres personnes à l’abri et en sécurité.

Notre association Tous Migrants dénonce depuis sept ans la politique dangereuse, illégale et barbare des gouvernements français et européens.

Dangereuse, parce que cette politique est responsable de la mort de milliers de personnes en Méditerranée, de centaines de personnes à la frontière franco-britannique, d’une cinquantaine de personnes dans les Alpes dont dix dans nos montagnes frontalières. Les trois personnes qui ont perdu la vie depuis cet été sont mortes sur le territoire de la commune de Briançon : Moussa le 7 août, Mohamed le 14 octobre, Mahadi le 29 octobre.

Cette politique est illégale, parce que les Briançonnais doivent savoir que, dans les cas où les personnes exilées parviennent à contester en justice les refus d’entrée ou les obligations de quitter le territoire français, le tribunal administratif annule les décisions des préfectures et souligne que « la situation à la frontière franco-italienne ne peut justifier que les droits des personnes soient bafoués ».

Cette politique anti migratoire est également barbare et lourde de conséquences pour nos sociétés.
Parce que tendre des guets-apens et traquer les personnes exilées dans la montagne comme des bêtes sauvages et dangereuses, c’est de la barbarie. S’il n’y avait pas les maraudes, Refuges Solidaires et le Pado, les personnes exilées seraient contraintes comme à Calais, à Paris et dans bien d’autres villes de survivre dans la rue et dans les terrains vagues dans le dénuement le plus complet. Leur refuser l’accès à un toit et même à l’eau potable, comme c’était le cas à Briançon au Pado, c’est aussi de la barbarie.

Refouler systématiquement les personnes à la frontière, parfois en les humiliant, déchirer leurs papiers et leurs maigres affaires, démanteler les campements de fortune en permanence à Calais et Paris et ailleurs, expulser des squats en plein hiver sans solution alternative, c’est de la barbarie. Ces politiques qui tentent de déshumaniser les personnes exilées alimentent et légitiment la xénophobie et le racisme, et constituent, comme l’histoire l’a trop souvent montré, un préalable aux pires exactions.

Comme le disent nos amis de la Cimade, « il n’y a pas d’étrangers sur cette terre ». À l’heure des périls planétaires qui menacent, il est encore temps de choisir l’entraide et la coopération, plutôt que la domination et l’exploitation, de choisir l’humanité plutôt que la barbarie. C’est notre choix et celui d’une grande partie des habitants du Briançonnais et cela contribue à la fierté et à la renommée des Hautes-Alpes dans le monde entier.

Désormais, ce n’est pas seulement pour son climat, son patrimoine et ses montagnes que les touristes viennent toujours plus nombreux dans notre région, mais aussi pour l’engagement concret de ses habitants en faveur d’un accueil digne des personnes exilées qui frappent à nos portes. »

Faites circuler l’information.

Plateforme des Comités d’Accueil des Réfugiés
en Drôme-Ardèche et Vaucluse (Cardav)
Valérie Rosier – Coordination
Tél. 06 12 33 10 71  valouchka26@gmail.com 
Mira Pons – Rédaction
mirapons@gmail.com

Cordée solidaire au Col de l’Echelle (05) – Témoignage

CORDÉE SOLIDAIRE AU COL DE L’ECHELLE –  « TOUS MIGRANTS »

Le 17 décembre 2017, nous sommes parties, Catherine et Dominique du Comité d’Accueil des Réfugiés de Buis-les-Baronnies (26), soutenir la Cordée Solidaire au Col de l’Echelle et assister aux Etats Généraux de TOUS MIGRANTS à Briançon.

TOUS MIGRANTS est « un mouvement citoyen Briançonnais de sensibilisation et de plaidoyer autour du drame humanitaire des migrants en Europe ». Ce mouvement est né spontanément pour exprimer une indignation collective face à l’inaction politique vis à vis des migrants.

Briançon se positionne officiellement comme ville d’accueil. Une cellule de coordination sous forme de triptyque : associations, mairie, mouvement citoyen se met en place.

L’action de Tous Migrants repose sur des contributions bénévoles et, lorsque cela est possible sur des partenariats avec les structures pérennes locales. Pour « Tous Migrants » deux idées directrices animent l’esprit du mouvement :
– C’est en renforçant le lien social local, en ouvrant des espaces de dialogue, d’échange, de convivialité et de solidarité avec notre voisin d’ici (« l’autre d’ici ») que nous accepterons naturellement notre voisin de là-bas (« l’autre de là-bas », étranger, migrant, réfugié…).
– Chacun d’entre nous peut contribuer à la résolution de la crise de l’accueil actuelle, et y compris en plaidant pour l’adoption de décisions politiques plus responsables et humaines en matière de migration.

Les migrants venant d’Italie arrivent essentiellement par le Col de l’Echelle, au-dessus de Névache. Ils mettent leur vie en danger, peuvent être refoulés sans respect et sont souvent reconduits à la frontière italienne.

L’Etat, représenté par la Gendarmerie, la Police et les Douanes est lui-même souvent hors la loi, en ne présentant pas systématiquement le papier de « refus d’entrée » sur le territoire traduit dans une langue compréhensible par le migrant, le délai du « jour franc » et le non refoulement des mineurs.

C’est vers cet endroit, le Col de l’Echelle, que symboliquement la Cordée Solidaire s’est élevée. Nous étions plus de 300, citoyens, professionnels de la Montagne, migrants, à manifester notre solidarité.

Pendant cette Cordée Solidaire, un jeune migrant coincé dans un couloir d’avalanche, de l’autre côté du Col, a dû être hélitroyé par les secours en montagne et hospitalisé.

En fin d’après-midi nous avons rejoint la conférence de presse des Etats Généraux de Tous Migrants à Briançon. Toutes les personnes intervenantes ont dénoncé de façon forte et émouvante ce qui se passe au passage de cette frontière franco-italienne : les souffrances physiques et psychologiques des migrants ainsi que les menaces envers les
citoyens qui les aident et se mettent hors la loi, au regard des autorités françaises, par un « délit de solidarité ». Elles dénoncent le non-respect des Droits nationaux et internationaux. Tous les intervenants ont souligné cet immense élan de solidarité de la
population, cet échange avec les jeunes migrants, la façon dont chacun se trouve
enrichi de l’Autre et de Soi.

Nous avions rencontré les bénévoles de l’association « Tous Migrants » à Briançon, à l’occasion d’ une grande collecte de vêtements organisée à Buis-les-Baronnies et dans les villages voisins.

Le travail est immense. Michel Rousseau, responsable, est venu nous rejoindre à la Fête de la Fraternité, à Buis, témoignant à nouveau de toute la richesse des échanges entre ceux « d’ici » et ceux « de là-bas ». Il a sollicité les habitants de la Drôme à ouvrir leurs portes, à créer des petits lieux d’accueil, pour quelques personnes, pour quelques jours, afin de permettre aux migrants de « se refaire une santé », de se « poser » un moment avec nous avant de continuer leur chemin vers les destinations qu’ils auront choisies. Des villages ont déjà répondu à cet appel. Et nous, que pourrions-nous faire ?

Dominique Mandart
Catherine Richard

Communiqué par la
Plateforme des Comités d’Accueil des Réfugiés en Drôme-Ardèche et Vaucluse
Valérie Rosier, Coordonnatrice,  Tél 06 12 33 10 71
arquaique@orange.fr
Colette Sénéclauze, Secrétaire, Tél 04 75 26 41 44
c.a.sene@club-internet.fr
Annie Molinet, Blog, Tél 04 75 28 51 77
coparhb@gmail.com
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