DÉCÈS DE MIGRANTS ET BATEAUX BLOQUÉS

Les décès de migrants et le nombre de bateaux civils de sauvetage bloqués ont tristement augmenté en 2023. Plus de soixante organisations alertent sur cet état de fait. Par une déclaration conjointe, elles demandent aux États membres de l’Union européenne de cesser immédiatement d’entraver les efforts civils de recherche et de sauvetage en mer Méditerranée centrale.

Actuellement Aurora, Open Arms et Sea-Eye 4, trois navires civils professionnels de sauvetage en mer, sont empêchés d’opérer en Méditerranée centrale. Les trois ordres de détention, émis en moins de 48 heures, s’ajoutent aux nombreux cas d’obstruction administrative auxquels les ONG de sauvetage en mer ont été confrontés cette année. Depuis le début de l’année 2023, il y a eu huit cas d’immobilisation de navires d’ONG par l’Italie.

Ainsi, les navires civils professionnels de sauvetage en mer, Aurora, Geo Barents, Louise Michel, Mare*Go et Sea-Eye 4, ont été entravés chacun pendant vingt jours. Le 21 août, le navire Aurora a été détenu une deuxième fois pour vingt jours, suivi du navire Open Arms, détenu un jour après. Le temps perdu de ces cent quarante jours aurait pu être utilisé pour des opérations de sauvetage et pour prévenir les naufrages qui se produisent chaque jour dans la Méditerranée centrale. Rappelons que jusqu’à 600 personnes ont perdu la vie au large des côtes grecques en juin 2023, dans un nouveau naufrage qui aurait pu être évité.

Ce harcèlement administratif est s’est aggravé avec une loi récente adoptée par l’Italie (Décret-loi n° 1/2023, modifié par la loi n° 15 du 24 février 2023), laquelle accroît les exigences imposées aux navires des ONG et introduit des sanctions en cas de non-respect de ces exigences. En vertu de cette loi, les autorités italiennes ordonnent aux navires de sauvetage civils de se diriger vers un port assigné immédiatement après un sauvetage — même dans des situations où il y a encore des bateaux en détresse à proximité du navire de l’ONG. La loi est aggravée par la pratique du gouvernement italien des  « ports éloignés », qui oblige les navires des ONG à débarquer les personnes secourues dans des ports situés jusqu’à 1 600 km et 5 jours de navigation du lieu du sauvetage. Selon le droit international, le débarquement des personnes en détresse sauvées en mer dans un lieu sûr doit avoir lieu « dans les meilleurs délais raisonnablement possibles ». Pourtant, depuis décembre 2022, les autorités italiennes ont assigné un port inutilement distant aux navires des ONG dans plus de soixante cas.

En outre, elles ont récemment demandé à plusieurs reprises aux navires des ONG de demander un lieu sûr en Tunisie pour les personnes secourues en mer. En raison du manque de protection envers les demandeurs d’asile dans ce pays et face à la recrudescence de violence envers les populations migrantes, la Tunisie ne peut être considérée comme un lieu sûr. Le débarquement de personnes secourues en mer sur ses côtes pourrait constituer une violation du droit international.

Cela signifie que cette nouvelle législation fait pression sur les capitaines de la flotte civile pour qu’ils désobéissent au droit maritime international et au devoir de sauvetage.

Le non-respect des ordres illégitimes des autorités italiennes a déjà entraîné des amendes allant jusqu’à 10 000 euros pour les ONG et la détention pendant 20 jours de six navires de sauvetage. Non seulement toutes les ONG qui effectuent des opérations de recherche et de sauvetage en mer risquent désormais de se voir infliger d’autres amendes et détentions, mais la loi prévoit également la saisie du navire, ce qui entraînerait l’arrêt définitif de leurs opérations.

Un appel urgent à l’UE et à ses États membres est lancé par ces soixante organisations : si les entraves à l’aide humanitaire en mer se poursuivent, d’ici la fin de l’année, une diminution drastique, voire l’absence totale de navires de sauvetage civils en mer pourrait survenir. Les conséquences seront d’autant plus meurtrières que la restriction importante des opérations civiles de sauvetage en mer n’empêchera pas les personnes de tenter la traversée.

Plus de détails ici.

Plateforme des Comités d’Accueil des Réfugiés
en Drôme-Ardèche et Vaucluse (Cardav)

Valérie Rosier – Coordination
Tél. 06 12 33 10 71  valouchka26@gmail.com 
Mira Pons – Rédaction
mirapons@gmail.com

« MOURIR D’ÊTRE ÉTRANGER »

Cimetière privé de Mayotte où sont enterrées des personnes exilées naufragées dont les corps ont été refusées par les comités de gestion des cimetières des communes où ils ont été découverts. Photo Catherine Benoît.

Qui se souvient que des milliers d’Algériens et de Marocains ont été inhumés dans des cimetières français durant l’entre-deux-guerres ? Leurs conditions de vie en migration étaient alors telles que certains disparaissaient, sans que leur famille restée au pays en soit informée. Aujourd’hui comme hier, les organisations chargées de renouer les liens familiaux mis à mal par l’émigration savent combien leur rôle consiste aussi à suppléer des autorités étatiques peu soucieuses d’informer sur le sort et les périls subis par les exilés.

Longtemps, la mort des « travailleurs immigrés » est restée impensée en France. Puisqu’on pensait qu’ils n’étaient là que temporairement, ils auraient dû repartir mais c’était sans compter la vie qui se construit, les enfants qui naissent, le temps qui passe… Alors les immigré·es ont vieilli ici. Une présence jugée encombrante, « Une vieillesse illégitime » titrait ainsi un numéro de Plein droit paru en 1998 qui faisait état du sort réservé aux Chibanis et Chibanias : marginalisation des retraités au sein des foyers, accès aux droits et à la mobilité entravé, harcèlement administratif. Et à force de vieillir, les immigré·es finissent par mourir.

Comme d’autres qui n’ont pas eu le temps d’arriver puisque, depuis la mise en place de l’espace Schengen, des milliers de personnes sont décédées en tentant de rejoindre l’Europe. Morts par la migration, par le régime frontalier. Dans les migrations contemporaines, le spectre de la mort semble omniprésent. Morts abandonnés en plein désert, morts noyés, morts asphyxiés dans un camion, morts sous les balles de la police ou dans les prisons de Libye, innombrables sont les figures d’une politique qui tolère, passe sous silence et entraîne la destruction de milliers de vie. Les politiques migratoires actuelles provoquent véritablement la mort. Mais qu’on ne s’y trompe pas : ce qui tue, c’est aussi la mise en marge ici. On meurt d’accidents du travail, des multiples entraves faites dans l’accès aux soins auxquels les personnes étrangères ont pourtant droit, d’être ainsi précarisé et davantage exposé à la mort.

Et la violence exercée par le pouvoir ne s’arrête pas au fait de donner la mort. Elle se prolonge au-delà du décès, dans le déni de la valeur des vies des personnes migrantes, dans la relégation aux marges de leurs cadavres et de leur mémoire. La gestion de la mort des personnes étrangères est marquée par la dissimulation et l’humiliation. Faire mourir et faire disparaître. En Europe comme ailleurs, nombreux sont celles et ceux qui s’insurgent de voir la mort ainsi banalisée, ignorée. Ces morts de la frontière deviennent l’emblème de nouvelles luttes, des collectifs se créent pour donner un nom aux personnes décédées, relever les traces de celles disparues, pour échapper à l’oubli.

Sommaire

Édito
Une réforme qui penche vers les extrêmes
Dossier – Mourir d’être étrange
Mourir. Puis disparaître ? | Lisa Carayon et Carolina Kobelinsky
• Algériens et Marocains inhumés dans la France de l’entre-deux guerres | Emmanuel Blanchard
• Covid-19 : excès de mortalité parmi les immigrés | Myriam Khlat, Walid Ghosn, Michel Guillot et Stéphanie Vandentorren
• En Espagne, des syndicats populaires face aux violences mortifères | Félicien de Heusch
• Donner un nom aux morts en Méditerranée : l’expérience de Catane | Filippo Furri et Carolina Kobelinsky
• Mise en terre ou en marge ? | Lisa Carayon
• Ne pas voir Mayotte mais mourir | Catherine Benoît
• Vos frontières, nos morts | Des membres du groupe décès
• Veuve et suspecte | Nawel Gafsia
Hors-thème
• Qui a une véritable seconde chance en Grèce ?
• Athila Kalogridi et Domitille Nicolet
Mémoire des luttes
• Garder trace des luttes à Calais | Maël Galisson et Mathilde Pette
Focus juridique
• Au nom des héritières : l’inutile disposition de la loi « séparatisme » | Marc Pichard

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APPEL À LA PRISE EN CHARGE D’UNE FAMILLE

« Je lance cet appel comme une bouteille à la mer.
Nous rencontrons actuellement de graves problèmes avec un collectif qui vient de recevoir une famille depuis le 14/07/2023. Effectivement, il ne veut plus garder et accompagner cette famille. Cette dernière, composée d’un couple et un enfant de trois ans va donc se retrouver rapidement à la rue .

Sachant que l’enfant est diabétique (en cours de stabilisation grâce au CHU) et atteint d’autisme , est-ce que quelqu’un pourrait et serait en mesure de reprendre cette famille.
A défaut auriez-vous des pistes sérieuses ?

L’instruction de la demande d’asile est faite et la famille touchera l’ADA mi-septembre.

Je suis désolée de vous déranger dans cette période estivale mais l’affaire est assez importante pour que je me permettre de faire appel à vous et à votre humanisme.
Merci de vos retours et je me tiens disponible pour toutes informations complémentaires. »

Contact
Cécile Porée-Gouttefange
07 63 06 18 02
c.poree-gouttefange@diaconat26-07.org

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Appel à accueil temporaire pour mineurs

Pendant le mois d’août, beaucoup d’associations sont fermées, beaucoup de bénévoles sont absents. Faites passer l’information. Merci pour ces jeunes !

Contact
Dominique Malvaud : 06 72 07 76 42  
enfantalarue@gmail.com

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LES MURS NE SERVENT À RIEN

20h15. Lecture d’extraits de Bibiche de Raozy Pellerin, Plon, 2022. Anonyme sous les boucles de ses perruques, Bibiche a fui son pays, la République démocratique du Congo, pour demander l’asile en France, y renaître et se réinventer. Cependant, chaque étape imposée par l’administration la contraint à fouiller dans sa mémoire, à en extirper ce passé refoulé. Comment et auprès de qui trouver de quoi ne pas perdre pied ?
20h35. Film documentaire, La Vie devant elle, de Manon Loizeau et Elaha Iqbali, 2023.
Elaha, jeune Afghane de 14 ans, se filme avec une petite caméra et raconte son histoire dans une sorte de journal intime. Manon Loizeau suit son parcours pendant plus d’une année. Leur film nous invite à réfléchir au destin de tous les enfants projetés sur les routes de l’exil avec leur famille. Il illustre l’errance, la solitude, la fatigue physique et mentale, mais aussi l’incroyable résilience de l’enfance.
22h05. Discussion avec Manon Loizeau, journaliste et réalisatrice franco- britannique passée de l’écrit à l’image. Ses films (sur la Tchétchénie, l’Iran, la Syrie, la Birmanie, le Yémen) tournés le plus souvent clandestinement lui ont valu de nombreux prix internationaux.

Samedi 23 septembre

10h. Point d’étape autour du Projet de Maison Accueillante de Dieulefit par l’association Passerelles.
11h. Mini-conférence Pacte de l’UE sur l’asile et la migration : vers une externalisation de la demande d’asile aux frontières par Julia Briland, juriste du droit d’asile. L’essentiel, clair et concis !
11h45. Présentation de l’exposition Les Chants de l’Asphodèle par Mathias Benguigui et Agathe Kalfas
14h30.
Indésirables – Lecture de textes de Michel Agier, Louis Witter, Mathieu Gabard, Edouard Glissant, Jean-Pierre Siméon, Bernard Mazo, par Nadine Despert et Chloé Peytermann
15h00. Film documentaire, Le Chant des vivants, de Cécile Allegra, 2022.
Entre documentaire et film musical, Le Chant des vivants retrace des parcours individuels qui, grâce à la musique, parviennent à s’ancrer dans la mémoire collective. Venus d’Erythrée, du Soudan, de Somalie, de Guinée, de République démocratique du Congo, ces survivants, pris en charge par l’association Limbo, se « réparent » lors de séjours thérapeutiques à Conques.
16h30. Rencontre avec Morgan Fahmi, psychiatre à l’Orspere-Samdarra et à la PASS (Permanence d’accès aux soins de santé) en milieu psychiatrique de l’hôpital du Vinatier, et un membre de Limbo – Réparer les survivants.
18h. Présentation du livre Georgia, une histoire de migrations, par le photographe Ljubiša Danilovic, Lamaindonne,
2022. Georgia, c’est le nom du bateau dans lequel embarqua en 1906 un certain Ljubiša Danilovic, jeune Monténégrin de dix-neuf ans rêvant d’un ailleurs plein de promesses. De cet homonyme dont il ne sait rien, à part la mention de son nom sur un document d’époque, Ljubiša Danilovic imagine en 2021 le trajet qui mena le premier Ljubiša de son Monténégro natal aux États-Unis, et rédige des lettres fictives. Il y mêle des photographies de la ville de Butte (Montana), d’un Monténégro nostalgique, celui de son enfance, des exilés rencontrés à Paris, Calais, Sarajevo ou au refuge de Briançon.
19h00. Repas africain puis set musical avec Tuff Kong HIFI.

Dimanche 24 septembre

10h. Film documentaire, Maîtres de Swen de Pauw, 2021.
A Strasbourg, un cabinet d’avocates s’est spécialisé en droit des étrangers. Christine Mengus et Nohra Boukara s’y battent chaque jour pour aider leurs clients, pour la plupart en situation irrégulière. Grâce à leur ténacité, leur humour et leur professionnalisme, elles tentent de trouver des solutions humaines face à la Justice et parfois l’injustice de certaines situations. Elles sont, pour beaucoup, les avocates de la dernière chance.
11h40. Rencontre avec Stefan Le Courant autour du livre, Vivre sous la menace, les sans-papiers et l’Etat, Seuil, 2022.
La politique de contrôle migratoire ne s’exerce pas uniquement aux frontières. Sur le territoire national elle continue d’œuvrer en séparant celles et ceux qui bénéficient d’un séjour régulier des autres, qui en sont dépourvus. Elle trace des démarcations intérieures invisibles et implacables quand le spectre de la frontière hante le quotidien des personnes qui chaque jour risquent l’expulsion. En ethnographe, et après une enquête de plusieurs années auprès d’une quarantaine de sans-papiers, Stefan Le Courant, chargé de recherche au CNRS, tente de saisir les conséquences intimes de ce gouvernement par la menace.
14h30. Mini-conférence, France : la nouvelle loi Asile et Immigration par Julia Briland, juriste du droit d’asile. L’essentiel, clair et concis !
15h. Ecoute radiophonique du documentaire radio, Ya Rayah, l’exil en dansant, de Mehdi Ahoudig et Hassen Ferhani, Arte Radio, 2023.
Créée par le chanteur algérien Dahmane El Harrachi en 1971, « Ya Rayah » raconte la douleur de l’exil en France et le regret du pays natal. Sa reprise par Rachid Taha en 1998 triomphe sur les dancefloors du monde entier et unit la France lors du concert « 1, 2, 3 Soleil » à Bercy. Ce documentaire questionne ce que la chanson dit de l’histoire des Français d’origine maghrébine et de leurs exils intimes.
16h. Film documentaire, A Black Jesus ,de Luca Lucchesi, 2020.
Dans une petite ville côtière de Sicile, les habitants vénèrent depuis des siècles la statue d’un Jésus noir. Quand Edward, un jeune Ghanéen de 19 ans, résident d’un centre d’hébergement pour personnes migrantes, demande à intégrer le groupe des hommes qui porte chaque année le crucifix géant à travers les rues de la ville, la communauté est partagée.

Microsoft Word – Flyer MURS 2023 4 pages .docx

Tout au long du festival, 2 expositions
Cartographie. Expériences migratoires du collectif Migreurop / réseau d’associations, de militants et de chercheurs originaires de plusieurs pays de l’UE, d’Afrique subsaharienne, du Maghreb et du Proche-Orient. Les différentes représentations cartographiques proposées illustrent les mécanismes mis en place par les gouvernements européens en vue de limiter l’accès des populations migrantes au territoire de l’espace Schengen, ainsi que leurs conséquences sur la vie et les parcours migratoires de ces personnes, dénonçant ainsi les processus de leur mise à l’écart.
Photographie. Les Chants de l’Asphodèle d’Agathe Kalfas et Mathias Benguigui, Rencontres photographiques d’Arles 2021.

Toutes les infos sur http://www.passerellesasso.fr
contact : Chloé Peytermann – chloeterre@yahoo.fr

Stop aux traitements inhumains et dégradants envers les africain·e·s noir·e·s en Tunisie

Le discours raciste et haineux, véritable « pousse-au-crime », prononcé par le Président tunisien en février 2023 n’a fait qu’encourager ces exactions, et accorder un blanc-seing aux graves violences exercées à l’encontre des personnes exilées. Et c’est bien l’attitude des autorités locales et nationales qui est en cause, laissant libre court aux fausses informations qui pullulent sur les réseaux sociaux, mais également aux violences de certains groupes – policiers, militaires ou issus de la population –, à l’égard des personnes exilées noires, férocement attaquées et violentées en toute impunité.

Nombre de témoignages, notamment des premier.e.s concerné·e·s, d’associations de la société civile en Tunisie mais aussi de médias étrangers, font ainsi état de graves violations des droits humains à leur encontre : interpellations violentes et arbitraires, défenestrations, agressions à l’arme blanche… Ces acteurs dénoncent une véritable « chasse aux migrant·e·s » et des rafles, suivies du renvoi forcé d’un millier de personnes aux frontières avec la Libye ou l’Algérie, l’objectif des autorités tunisiennes semblant être de regrouper à ces frontières les exilé·e·s originaires d’Afrique subsaharienne pour les y abandonner sans assistance aucune ni moyens de subsistance, y compris s’agissant de demandeur·euse d’asile. Des rafles précédées ou s’accompagnant d’expulsions arbitraires de leurs domiciles, de destructions ou de vols de leurs biens, de traitements inhumains et dégradants, ainsi que de violences physiques. Des violations des droits commises par des forces publiques et/ou des milices privées largement documentées, mais qui restent à ce jour sans condamnation pour leurs auteurs de la part des tribunaux ou des autorités étatiques.

Tout cela intervient dans un contexte de crise sans précédent en Tunisie, touchant tous les domaines : économique, social, politique, institutionnel, financier… Une crise accentuée par les pressions et le marchandage de l’Union européenne (UE), qui entend via un partenariat « renforcé », mais inégal en matière migratoire, imposer à la Tunisie l’externalisation des contrôles frontaliers et de la gestion migratoire. Cette politique répressive passe par le renvoi depuis les pays européens de tou·te·s les exilé.e.s dépourvu.e.s de droit au séjour ayant transité par la Tunisie, ainsi désignée comme « pays sûr », contrairement à la Libye. Ceci, au motif de faire de la Tunisie le garde-frontière de l’UE, en charge de contenir les migrations « indésirables » et de les éloigner le plus possible du territoire européen, en échange d’une aide financière conséquente venant à point nommé (au moins 900 000 €). Le tout malgré les inquiétudes suscitées par la dérive autoritaire observée en Tunisie et au mépris de l’État de droit et des droits fondamentaux des personnes exilées en Tunisie.
Une crise également aggravée par l’ambiguïté des autorités algériennes, qui instrumentalisent la question migratoire pour des motifs politiques en déroutant les personnes d’origine subsaharienne de l’Algérie – qui compte des frontières terrestres avec les pays d’Afrique subsaharienne – vers la Tunisie, qui n’en a pas.

Nous exprimons notre entière solidarité avec toutes les victimes des violences, quelle que soit leur nationalité, condamnons cette violence raciste d’où qu’elle vienne, et exprimons notre indignation face au silence assourdissant et complice des autorités tunisiennes.
Nous enjoignons la Tunisie à assumer les responsabilités qui lui incombent en protégeant de toute exaction les exilé·e·s sur son territoire, en mettant un terme à ces violences racistes et aux refoulements opérés en toute illégalité aux frontières tunisiennes, et à se conformer au droit international.

Enfin, nous dénonçons avec la plus grande vigueur les pressions exercées par l’UE sur la Tunisie dans le cadre d’une coopération inégale et marchandée en vue d’imposer à ce pays méditerranéen sa politique ultrasécuritaire en matière d’immigration et d’asile, au mépris du droit international et des droits des personnes exilées.

Gisti, Migreurop et CRLDHT

Les signataires
Agir pour le changement et la démocratie en Algérie (ACDA)
Action jeunesse du FMAS – Maroc (AJM)
Association Femmes plurielles (FP)
Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (ACORT)
Association de défense des droits de l’homme au Maroc (ASDHOM)
Association des marocains en France (AMF)
Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF)
Association Khamsa Solidaire Ici et Ailleurs, Meurthe et Moselle, France
Association N’aoura, Bruxelles
Cedetim / IPAM
Coalition internationale des sans-papiers et migrants (CISPM)
Coalition marocaine pour la justice climatique (CMJC)
Collectif associatif pour m’observation des élections – Maroc
Collectif marocain pour la protection sociale (CMPS)
Comité de suivi du forum social maghrébin (FSMAGH)
Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT)
Coordination des sans-papiers 75 (CSP-75)
Droit ici et là-bas (Diel)
Droit au logement (DAL)
Droit devant
E-Joussour
Euro-Mediterraan Centrum Migratie & Ontwikkeling (EMCEMO)
Fédération des associations avec tous.te.s les immigré.e .s (FASTI)
Fédération des tunisiens citoyens des deux rives (FTCR)
Fondation Frantz Fanon (FFF)
Forum des alternatifs Maroc (FMAS)
Groupe d’information et de soutien aux travailleurs immigrés (GISTI)
Le réseau syndical de la migration au Maroc
Riposte internationale (RI)
Le Collectif Soumoud
Le Pont de Genève – Suisse
Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH)
Ligue des droits de l’Homme (LDH)
Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP)
Observatoire marocain des libertés publiques (OMLP)
Portail Maghreb Machrek
Réseau euro Med France (REF)
SOS Migrants ASBL Belgique
Union des travailleurs immigrés tunisiens (UTIT)
Union juive française pour la paix (UJFP)
Avocats Sans Frontières (ASF)
Coordination maghrébine des droits de l’ Homme (CMODH)
Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH)
Euromed-Droit – Euromed-Right
Migreurop
Confédération française démocratique du travail (CFDT)Confédération générale du travail (CGT)
Fédération syndicale unitaire (FSU)
Union syndicale solidaire
Mouvement des progressistes (MDP)
Nouveau parti anticapitaliste (NPA)
Pour une Ecologie Populaire et Sociale (PEPS)

Appel à dons de Solidarloc

Cette collecte avance, progresse… mais pas assez vite pour être certains que d’atteindre l’objectif de 20 000 €. Car il faut encore collecter 4 815 € et il ne reste quelques jours pour atteindre cette objectif (20 000€) qui permettra de financer le projet. Alors n’hésitons pas : parlons-en, partageons ce projet qui apportera aussi de la convivialité de l’entraide aux résidents accueillis.

Précision : les dons par chèques sont possible. Ils doivent être libellés à l’ordre de « Les Petites Pierres » (une adresse mail doit être mentionnée au dos) et envoyés à Solidarloc, 21 cours Joubernon, 26400, Crest.

Contact : solidarloc26@gmail.com

Appel à une marche pour la fin du racisme systémique

Pour la fin du racisme systémique, des violences policières, pour la justice sociale et les libertés publiques

Le meurtre de Nahel, tué par un policier à bout portant le 27 juin 2023 à Nanterre, a mis de nouveau la lumière sur ce qui doit cesser : le racisme systémique, les violences policières, et les inégalités sociales que creuse la politique de Macron. Une politique néolibérale imposée par des méthodes autoritaires, des lois sécuritaires et une doctrine du maintien de l’ordre décriée jusque dans les plus grandes instances internationales. Une politique régressive qui fait le lit de l’extrême-droite et piétine toujours plus nos libertés publiques, notre modèle social, notre avenir face à l’effondrement écologique.

En première ligne des victimes de ces choix politiques, les habitant·es, et notamment les jeunes des quartiers populaires et des territoires ultramarins, qui subissent de plein fouet l’aggravation de toutes les inégalités sociales dans un contexte économique d’inflation, de hausse des loyers, des prix de l’énergie et de politiques d’urbanisme brutales. Les réformes de la Macronie accentuent la pauvreté en durcissant notamment l’accès aux prestations sociales. La scandaleuse réforme de l’assurance chômage en est un exemple significatif alors que la précarité au travail augmente.

Les révoltes dans les quartiers populaires ne peuvent s’analyser que dans ce contexte global. Les habitant·es de ces quartiers, et notamment les mères isolées, pallient bien souvent seul·es les carences de services publics dont la destruction s’accélère de jour en jour.

A côté de cela, de nombreuses violences sont perpétrées contre les populations : délocalisation et destruction de l’emploi, évasion et fraude fiscale, mode de vie des ultras riches écocidaire, supers profits des multinationales, modes de production hypers polluants responsables de la crise climatique. Et pour cela, l’État laisse faire ! De plus, les populations racisées et/ ou issues des classes sociales défavorisées, des quartiers populaires, des zones rurales et périurbaines appauvries, des territoires ultramarins sont victimes de violences institutionnelles et systémiques, notamment policières.

La politique répressive de l’État est encore renforcée par le dernier remaniement ministériel, qui a élargi les compétences du ministère de l’Intérieur à la ville, l’Outre-mer et la citoyenneté. La répression s’étend avec toujours plus d’intensité et de violences policières, d’interdictions de manifester, contre le mouvement social et écologiste, comme lors de la lutte contre la réforme des retraites rejetée par l’immense majorité des travailleur-ses et leurs syndicats et à Sainte-Soline. La liberté associative, directement et indirectement, est de plus en plus mise en cause.

Cette situation est d’autant plus inquiétante que l’institution policière paraît hors de contrôle du pouvoir politique. Des déclarations factieuses de certains syndicats de policiers suite au meurtre de Nahel aux déclarations du Directeur général de la police nationale et à celle du Préfet de police de Paris ainsi que le ministre de l’intérieur, c’est l’institution policière qui aujourd’hui remet en cause l’État de droit, plutôt que de mettre fin à l’impunité des auteurs de violences policières.

Nos organisations syndicales, associations, collectifs, comités de quartiers populaires, de victimes de violences policières et partis politiques se mobilisent ensemble dans la durée pour la convergence des justices antiraciste, sociale et écologique, féministes et pour que cessent les politiques sécuritaires et anti sociales.

La crise démocratique, sociale, politique que nous traversons est très grave.

Nous ne pouvons accepter qu’il y ait encore d’autres morts comme Nahel, ou d’autres blessé.es, victimes des violences policières.

Nous exigeons des réponses immédiates et dans l’urgence :

 abrogation de la loi de 2017 sur l’assouplissement des règles en matière d’usage des armes à feu par les forces de l’ordre ;

 une réforme en profondeur de la police, de ses techniques d’intervention et de son armement ;

 le remplacement de l’IGPN par un organisme indépendant de la hiérarchie policière et du pouvoir politique ;

 la création d’un service dédié aux discriminations touchant la jeunesse au sein de l’autorité administrative présidée par le Défenseur des droits et le renforcement des moyens de lutte contre le racisme, y compris dans la police ;

 un plan d’investissement public ambitieux dans les quartiers populaires et sur l’ensemble du territoire pour rétablir les services publics, le financement des associations et des centres sociaux.

Marchons toutes et tous ensemble
le 23 septembre !

Premières organisations signataires : Collectifs/comités de quartiers populaires, de victimes de violences policières : Coordination pour la Défense des habitants des Quartiers Populaires, Coordination nationale contre les violences policières, Coordination nationale “Marche 40 ans”, Collectif Justice pour Claude Jean-Pierre, Comité Justice pour Othmane, Collectif Justice et Vérité pour Yanis, Comité Justice pour Alassane, Collectif Stop Violences Policières à Saint-Denis, Comité vérité et justice pour Safyatou, Salif et Ilan, Mémoire en marche Marseille.

Organisations syndicales : CGT, FSU, Union syndicale Solidaires, Fédération Syndicale Étudiante (FSE), Mouvement national lycéen ( MNL ), L’Union étudiante.

Associations et autres collectifs : Alternatiba, ANV-COP21, Attac France, Collectif National pour les Droits des Femmes (CNDF), Coudes à Coudes, Dernière Rénovation, Droit Au Logement (DAL), FASTI (Fédération des Associations de Solidarité avec Tou-te-s les Immigré-e-s), Fédération nationale de la LIbre Pensée, Femmes Egalité, Fondation Copernic, Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré·es), Les Amis de la Terre France, La Révolution est en marche, Marche des Solidarités, Memorial 98, Planning familial, Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR), Association Stop Aux Violences d’État, Alternatiba Paris, Association Intergénérationelle de la Rabière (AIR-37), Association Naya (37), Association Nouveaux Souffle pour l’Insertion Sociale et Professionnelle (ANSIP-37)

Organisations politiques : EELV Europe Ecologie Les Verts, ENSEMBLE Mouvement pour une Alternative de Gauche, Écologiste et Solidaire, LFI – La France insoumise, Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires ( FUIQP), Gauche démocratique et sociale (GDS), La Gauche Ecosocialiste, Génération.s, Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Nouvelle Donne, Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF), Parti Ouvrier Indépendant (POI), Révolution Écologique pour le Vivant (REV), Vivre Ensemble Solidaires en Métropole Tourangelle (VESEMT-37)